Information complémentaires
- il faut savoir que les chiites retiennent la date du 17 du mois de Rabi’ Al-Awwal comme date de naissance de Mohamed.
- Les fondateurs des 4 principales écoles juridiques suivies par les sunnites n’ont aucune avis sur la question du mawlid du fait qu’ils ont décédés bien avant l’initiation de la célébration du mawlid.
Transcription de la vidéo
Il est communément admis chez la plupart des musulmans que Mohamed, le prophète de l’islam, est né le 12 du mois de rabi’ al-awal, selon le calendrier lunaire, ce qui correspond à l’année 570 de notre ère. Cependant, la fête de sa naissance n’a été initié que beaucoup plus tard selon l’affirmation de Jalāl al-Dīn al-Suyūtī, un célèbre docteur en droit musulman ayant vécu dans la seconde moitié du 15 siècle. (1445-1505). il dit que le premier à avoir fêté la naissance du prophète Mohamed est Muzaffar ad-Din Gökböri (1154-1233) , gouverneur de la ville d’Erbil en Irak à l’époque de Saladin où صلاح الدين الأيوبي en arabe.
Beaucoup sont cependant, ceux qui affirment que les fatimides chiites, qui ont régnés (depuis l’Ifriqiya, la Tunisie aujourd’hui (entre 909 et 969) puis depuis l’Égypte (entre 969 et 1171)) sont les initiateurs du Mawlid. D’après عبد المنعم عبد الحميد سلطان la célébration des fatimides se manifestait par la quantité énorme de sucrerie et gâteau distribués pour l’occasion. Il décrit la célébration officiel en disant :

D’après عبد المنعم la célébration officielle avait l’habitude d’avoir lieu après la prière de midi, le lendemain du 12 du moi de rabi’ Al-awal, date de naissance de Mohamed. Le juge en chef sortait dans un cortège accompagné par les témoins recevables, qui était des hommes constituait une sorte de jury dans le système judiciaire de l’époque fatimide et qui avaient pour rôle de conseiller le juge et l’assister en tant que témoins des verdicts rendus…. Le juge en chef était donc accompagné de ses hommes plus des personnes qui transportaient des plateaux de sucrerie et de gâteaux jusqu’à la mosquée d’Al-Azhar où ils restaient écouter la lecture entière du Coran avant de se diriger vers le château du Khalifa suivi par la foule qui espérait apercevoir le khalife.
Que le Mawlid soit initié par GOKBORI au 12ème siècle ou par les fatimides deux siècles avant, cette initiation tardive par rapport au début de l’islam est souvent évoquée pour remettre en cause le bienfondé de cette fête en tant qu’acte religieux.
En effet, certains docteurs en droits musulmans la considèrent comme étant un (bid’a sayyi’a) c’est-à-dire une innovation blâmable tandis que d’autres la considèrent comme un (bid’a hasana), une innovation louable.
On retrouve parmi les premiers Tāj ad-Dīn al-Fākihānī (1256-1334) à qui répond justement al-Suyūtī dans son livre (« Housnou l-Maqsid fi ‘Amali l-Mawlid » (Le bon objectif dans l’accomplissement du Mawlid) ) en soutenant que le mawlid est une innovation louable.
Notons que cette idée même de l’existence de deux types d’innovation dont l’un serait louable et l’autre blâmable ne fait pas l’unanimité chez les docteurs en droits musulman. Shihāb al-Dīn al-Qarāfī (1228 – 1285) qui est un célèbre juriste de l’école malékite ayant vécu dans le 13eme siècle soutient la thèse de l’existence d’une innovation louable et une autre blâmable et va jusqu’à soumettre l’innovation aux cinq valeurs morales du droit islamique appelées: al-akhām al-khamsa . Il s’agit des 5 valeurs utilisées par les juristes musulmans pour classer les actions humaines selon s’ils sont : Prescrit, Recommandé, Blâmable, Interdit ou en fin que l’islam soit totalement Indifférent à leur sujet. Ash Shâtibî ( ? – 1388), un autre célèbre juriste malékite dit à ce sujet que soumettre l’innovation à ces 5 valeurs morales n’est rien qu’une création qui ne repose sur aucun fondement car d’après lui, tout acte ayant une valeur morale connu ne saurait être une innovation et que par conséquent il est contradictoire de vouloir soumettre l’innovation aux 5 valeurs morales .
Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un débat interminable dont les origines remontent comme nous l’avons signalé au 12ème voire au 10ème siècle et revient sur la scène chaque année à l’approche du mois de rabi’ al-awwal.
Nous verrons un peu plus tard le sens que prend ce débat à notre époque.