Information complémentaires
Le mawlid est une occasion de faire connaitre les œuvres de certains hommes de lettre et poètes. Les Veillées poétiques consacrés aux panégyriques chantant les mérites du prophète de l’islam se multiplient pendant tout le mois de rabi’ Al-Awwal. Ces veillées mettent à l’honneur à la fois la personne de Mohamed mais aussi les poètes qui récitent fièrement leur œuvres devant un public toujours près à applaudir devant l’expression d’une idée où d’une métaphore réussie.
Les hommes de lettres et poete contemporain ne sont pas les seuls à lettre mis à l’honneur, le mawlid est également une occasion pour rendre aux manges aux ancêtres. Que ce soit en lisant leur œuvres où en évoquant biographie. Ci-dessous un exemple de plusieurs jeunes déguisés selon des personnalités historique de la ville Kairouan en Tunisie.
On retrouve parmi personalités mis en avant dans cette vidéo:
- Algizar (vers 898-vers 980) Médecin de Kairouan ayant vécu dans le Xe siècle.
- Arwa Oumm Moussa al-Hamriyah, femme de second calife abbasside Abû Ja`far al-Mansûr (714-775) elle est également la mère du calife Al-Mahdi (744-784), mais ce n’est pas pour cette raison que fille dans la vidéo l’admire mais plutot suite à ce qu’on rapporte qu’elle aurait imposé à son mari de ne pas lui prendre une deuxième épouse, ce que al-mansour respectera jusqu’à sa mort.
- Fatima al-Fihriya (800-880) c’est elle qui aurait fondé l’université Al Quaraouiyine
Cette semble bien rattacher le présent au passé comme on peut le voir aussi dans un extrait de la célèbre série Bab al-hara « la porte du quartier.
Cette série retrace des événement de la Syrie vers la fin des années 1920 sous le mandat Français et on peut constater que le maoulid represente fidèlement la culture de l’époque d’un Syrie qui était sous domination Othoman (Turquie). La danse Samā‘ de la confrérie soufi mevlevi fondé dans la ville turc de kony par Jalal al-Din Rumi (1207-1273).
Transcription de la vidéo
Les premiers poètes musulmans composaient soit des invectives à l’encontre des ennemis de l’islam soit des poèmes panégyriques pour louer les mérites du prophète et de la toute nouvelle religion. Le poème intitulé Al-burda (le manteau) est sans nul doute le plus célèbre poème de l’époque. Il est composé par كَعْبَ بْنْ زُهَيْرْ بْنْ أَبِي سُلْمَى le fils du célèbre زُهَيْرْ بْنْ أَبِي سُلْمَى, auteur d’une des 7 mu’allakat, ces poèmes qu’on raconte qu’ils étaient suspendus sur un mur à l’intérieur de la Kaaba et qui sont inscrit jusqu’à aujourd’hui aux panthéons de la littérature arabe. On raconte que Zouhair aurait composé des satires contre Mohamed avant de se convertir à l’islam et composer son célèbre panégyrique en guise de pardon. Satisfait, le prophète lui aurait remis son manteau, d’où le nom du poème. Le manteau. Ce nom a été repris pour être donné à un autre panégyrique composé au 13ème siècle par محمد بن سعيد البوصيري. Appelé الكواكب الدرية في مدح خير البرية Les Étoiles brillantes, panégyrique de la meilleure des créatures » ou tout simplement Al-burda, ce poème est souvent lu et chanté dans les célébrations du Mawlid surtout dans les confréries soufies. Il a acquis un grand renommé au point qu’il a été l’objet de plusieurs exégèse et traduction. Les poètes arabes l’ont pris pour exemple et ont composés des œuvres à son image.
Citons à titre d’exemple l’œuvre de l’émir des poètes arabes Ahmad Chawki qui composa un poème en suivant les pas de Al-bousuri ou en faisant ce qu’on appelle المعارضة en arabe qui selon محمد باخوش « consiste à composer un poème dans lequel il imite celui d’un autre, en utilisant le même mètre et la même rime. » محمود باخوش ajoute que dans ce type d’exercice, l’auteur ne se contente pas à imiter l’hypotexte, mais s’efforce de le dépasser. Mais en lisant le poème de chawki, on constate qu’il reconnait la supériorité de l’œuvre d’albousuri sur le sien. Il dit :
المادحونَ وأربابُ الهوى تبعٌ لصاحبِ البُردةِ الفيحاءِ ذي القدَمِ
مديحُهُ فيكَ حبٌّ خالصٌ وهوى وصادقُ الحبِ يُمْلي صادقَ الكلمِ
اللهُ يشهدُ أني لا أعارضهُ مَنْ ذا يُعارضُ صوبَ العارضِ العرمِ
وإنما أنا بعضُ الغابطينَ ومَنْ يغبُطْ وليَّكَ لا يُذْمَمْ ولا يُلمِ
L’auteur affirme dans ses vers que les compositeurs de panégyrique par amour de Mohamed ne sont que des suiveurs de l’exemple d’Albousuri qui a le merite d’être le premier à composer un panégyrique aussi abondant فيحاء
Ses louanges à ton égard émanent d’un amour et une passion sincère et l’amour sincère dictent des propos sincères. Il veut dire par là que Albousuri n’est pas comme les poètes hypocrites qui compose des panégyriques dans le but d’avoir une récompense et qui n’hésite pas à composer des invectives quand ils ne sont pas récompensés. En composant son panégyrique sans espérer aucune récompense, il ne pourrait qu’être sincère. Ceci sous-entend que c’est le cas aussi de Chawki.
Dieu m’est témoin que je ne me livre pas en duel contre lui, qui chercherait à surpasser un nuage de pluie abondante.
Je ne suis qu’un enviant parmi tant d’autres, mais celui qui envie ton allié ne saurait être blâmé ni dénigré.
Il semblerait qu’aucun poete n’oserait rivaliser avec le burda d’albousuri puisque Tamim Alburghouthi, un poete contemporain ayant composé un autre Burda en suivant les pas d’albousuri et chawqui dit dans son poème en guise de reconnaissance :
مُحَمَّدُ بْنُ سَعِيدٍ حَاكَ بُرْدَتَهُ
بِخَيْرِ مَا أَنْشَدَ المَوْلَى وَمَا نَشَدَا
وَأَحْمَدُ بْنُ عَلِيٍّ جَاءَ مُتَّبِعَاً
حَتَّى شَفَى غُلَّةً مِنْهَا وَبَلَّ صَدَى
Tamim dit que Mohamed ibn Said albousuri a tricoté son manteau, il y a un jeu de mot, albousuri a composé son panégyrique nommé alburda (le manteau) du mieux qui l’a voulu louer les mérites de Mohamed. Ce qui veut dire, que de tous les panégyriques composés par albousuri, Al-burda est au-dessus de tout.
L’auteur dit ensuite que Ahmad bin Ali qui est Chawki, a suivi l’exemple d’Albousuri jusqu’à étancher sa soif. Comme si en lisant Alburda Chawki s’est retrouvé assoiffé de connaissance et n’a pas pu étancher sa soif qu’en lisant profondément alburda puis composer ensuite un autre panégyrique en suivant son exemple.
Par ces vers Tamim affiché la volonté de suivres les pas de Chawqi et le maitre albusuri, sans pretendre rivaliser avec eux. Notons juste qu’il s’est permi de modifier la Rime en utilisant la lettre د à la place de la lette م utilisé par Albousuri et chawki. En fin, rappelons que le burda de kaap était composé de 57 vers celui d’albousuri de 158, celui de chawqi de 190 et en fin celui de tamim de 200 vers.
On distingue deux types de poème et production écrite qui sont lu dans les différents cérémonie de mawlid : celles lu comme étant des prières et à travers lesquels les gens cherchent la bénédiction du fait du caractère sacré attribué. Le burda d’albousuri fait partie cette catégorie. Et l’autre catégorie sont lu pour leur beauté artistique qui sert à rendre joyeux la fête. Les poèmes de Chawki et Tamim serait de cette catégorie.
C’est bien pour cette raison que le poème d’Albousuri est souvent lu comme une prière à travers lors du mawlid notamment chez les confréries soufies :
L’œuvre d’albousuri n’est pas la seule à jouir de cette sacralisation, il existe de nombreuse production dont le plus célèbre est المولد البرزنجي . Il s’agit de l’histoire du prophète Mohamed rédigé par جعفر البرزنجي, un érudit née à Médine en 1716 et décédé en 1764. Cet œuvre et rédigé en 20 chapitres plus un dernier chapitre composé de prière. Les chapitres sont très court, 12 lignes pour le plus petit et 38 pour le plus grand. L’auteur a écrit son texte en subdivisant chaque chapitre en des phrases courtes séparés par un signe qui rappelle la séparation des versets dans le Coran mais numérotation. L’auteur s’est forcé de respecter une rime dès que cela était possible, ce qui a contribué à donner une musicalité au texte.
Dans son livre أثر الإسلام في تشكيل السلوك الاجتماعي في جزر القمر
L’impact de l’islam dans la formation des comportements sociaux aux Comores
Le chercheur Hamidou Karihila cite jusqu’à 7 occasion où cet œuvre est lu en cherchant la bénédiction
En plus de ces œuvres que l’on peut qualifier de classique dans les célébrations de mawlid, des nombreuses œuvres sont composés chaque année pour l’occasion.
Les poèmes composés par les poètes sont souvent repris dans un genre musicale nommée Anashid qui n’est rien que de la musique religieuse.
La maison de l’opéra à Oman a même accueilli un théâtrale musical autour du Burda d’albousuri. Dans un décor simple au-devant de la scène avec l’image d’un château en ruine dans l’arrière. Décor qui pourrait justement rappeler la vie simple qu’a été celle d’albousuri mais aussi son époque qui a été marqué par la guerre et les multiples défaites qui ont menés à la chute du kalifat abasside après la chute de Baghdad en 1258 alors que albousuri avait 41 ans.
Dans ce décor, on peut voir les artistes, accompagné par un orchestre, réaliser leur performance, en chantant en chœur où individuellement. Les chapitres sont précédés par des dialogues parlés qui servent d’introduction puisque le dialogue qui ne fait pas parti de l’œuvre d’albousouri permet de connaitre le sujet à venir.